VOUS AVEZ LOUPE LE MATCH ? PAS DE PANIQUE !
La tête dans les mains, la mine grave et des centimètres d’ongles qui s’estompent sous des claquements de dents. Une clameur de temps à autre. Mais c’est l’angoisse et la boule au ventre perpétuelle qui ont dominé l’énorme parcage cæruleum et blanc massé dans les tribunes de Nijni-Novgorod. Dès les premières minutes, il n’a échappé à personne que quelque chose ne tournait pas rond dans le groupe de Sampaoli. L’on voulait croire que l’Islande avait révélé des doutes et pas une vérité affligeante. Et la défaite cinglante de ce soir sonne d’ores et déjà comme LE moment de ce début de Mondial. La sortie de route que nul n’avait vu venir, que l’on accompagne du regard avec dépit. Et que l’on soit pro-Argentine ou sceptique à l’égard d’une formation qui a gravi les éliminatoires sur les genoux, il y a toujours dans le cœur d’un suiveur du Mondial une pulsation serrée quand vient manifestement l’extinction d’un double champion du monde en titre.
Et la Croatie dans tout ça ? En bonne européenne qu’elle est, elle suit la tendance idyllique des équipes du Vieux Continent. Si le premier but signé Ante Rebic est servi sur un plateau par Willy Caballero – on y reviendra, vous pensez bien – la suite et le gadin argentin doivent avant tout à la volonté croate de ne jamais s’arrêter et au talent immense des deux têtes de gondole du milieu de terrain que sont Ivan Rakitic et surtout Luca Modric, auteur d’un superbe but de 25 mètres. Vous avez raté ce match ? En voilà deux qui ne ratent rien dans ce Mondial et qui viennent en une mi-temps de générer une belle éclaircie sur un jeudi pourtant terne.
LA NOTE DU MATCH (63/100)
Vous savez, il y a des films qui vous embrouillent le cerveau. Des réalisateurs comme Christopher Nolan et M. Night Shyamalan sont des experts en la matière. Ils conduisent sous vos yeux pendant les 2/3 de l’œuvre des bribes de scènes qui n’auront de sens que lors du dénouement. Parfois, des drames se comprennent et s’apprécient à la lueur de ce qu’ils révèlent dans les dernières encablures. La chute aussi sèche et violente soit-elle de l’Argentine est un spectacle poignant et monumental. Un indéniable temps fort de cette édition russe.
La catégorie sauvée par la dernière demi-heure qui lui confère quasiment dix points sur son total. Lorsque la Croatie s’est mise à mener au score à la 53ème minute, la branche d’arbre qui bloquait le moulin a débloqué le mécanisme. Mais c’est dans le sens des Damiers qu’il a tourné. Pris dans le courant croate, Mercado et ses potes ont pris des vagues de partout. La frappe limpide de Luka Modric est une merveille. Le coup-franc sur la barre d’Ivan Rakitic aurait pu mettre ses prédécesseurs sur l’éteignoir. Quant à la réalisation finale, elle est venue gonfler le score et apporter un rebondissement de plus à une journée qui en avait clairement manqué.
Quand on a sur la pelouse des joueurs qui font le bonheur des plus grands clubs européens, on s’attend forcément à un concert de beaux gestes. Mais en ce jour de fête de la musique, les fausses notes ont plu. Comme bien trop souvent dans cette Coupe du monde, l’ardeur physique et les duels âpres ont pris le dessus sur la maestria des joueurs balle au pied.
Retour sur notre comparaison ciné du début de section pour justifier cette note. Une humiliation pareille de l’Argentine, comme cela en phase de poules d’un Mondial dans notre ère moderne, c’est un spectacle peu commun, hallucinant même. Alors oui, la première période n’était pas folle, loin s’en faut. Mais c’était une séquence d’exposition qui a su faire monter l’angoisse argentine et ce synopsis catastrophe qui nous a laissés bouche-bée. L’émotion du spectateur est à la hauteur du séisme enregistré ce soir en Amérique du Sud.
Pour cette catégorie, on vous explique, on part de 10/20 à chaque coup d'envoi et on fait gonfler ou baisser la note selon nos propres critères subjectifs (on est le jury, on fait ce qu'on veut) :
- -3 pour Jorge Sampaoli. On n’avait pas bien compris ce qu’il souhaitait faire avec le FC Séville il y a deux. On pensait qu’il aurait appris de la phase qualificative de ses joueurs mais non. Mettez le meilleur des flutistes à la batterie, le plus grand guitariste du monde au piano et votre bassiste de rêve au chant, vous aurez beau avoir les meilleurs musiciens du monde sur scène, votre fête de la musique accouchera obligatoirement d’un requiem insupportable.
- +5 pour la cohésion croate. Tout ce que l’Argentine n’a pas, la Croatie l’a et vu qu’il manque l’essentiel à l’Albiceleste, vous voyez certainement où l’on veut en venir. Quelle fraîcheur, quelle solidité !
- -3 pour Willy Caballero. Sergio Romero a dû vomir dans son bol de riz en voyant la boulette inexcusable de son remplaçant qui a offert un but tout fait à Rebic. Loris Karius doit tout à coup se sentir mieux maintenant puisque dans la catégorie connerie du gardien, le portier argentin vient de lui voler toute la lumière.
- -1 pour l’inconscience finale des Argentins. A 2-0, le sort du match était plié. Et dans la mesure où tout pourrait bien se jouer au goal-average mardi prochain, pourquoi s’être jetés dans la gueule du loup et avoir pris autant de risques pour finalement en prendre un troisième dans la musette. Un troisième qui pourrait être fatal. On n’a pas compris, franchement.
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Si Léo Messi dans ce Mondial 2018 était un titre de film, ce serait...Le Dernier Samouraï, ce film avec Tom Creuse (et creuse encore)
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— ????LeDijonShow???? (@ThomasJobard) 21 juin 2018
— Eurosport.fr (@Eurosport_FR) 21 juin 2018
— It's Bad Charlie (@itsbadcharlie) 21 juin 2018