Il est vrai que malgré son parcours écrasant en éliminatoires (dix victoires en autant de sorties), l’Allemagne avait donné des signes de faiblesse avant cette Coupe du monde. Les sifflets de son public au sortir d’une victoire compliquée contre l’Arabie Saoudite en préparation, le revers de mars contre le Brésil (0-1), la défaite plus récente en Autriche (2-1)... Autant d’éléments qui laissaient à penser sans toutefois trop y croire que la Mannschaft était destinée à une sortie de route aussi brutale que celle qu'elle a vécu ces dix derniers jours en Russie. Mais le sort aura constamment étouffé le champion du monde. Pourtant, les hommes de Joachim Löw peuvent aussi s’en vouloir. Dire qu’ils ont outrageusement dominé la Corée du Sud cet après-midi serait l’euphémisme d’un euphémisme. 74% de possession, des passes à la pelle, une moyenne d’un tir toutes les trois minutes environ (pour un total de 28 tentatives sur le but de l'excellent Jo). Les Asiatiques devaient perdre. Sans doute perdraient-ils ce match – peut-être même largement - s’ils devaient le rejouer demain. Le fait est qu'ils l'ont gagné.
La rançon de la gloire se paie très cher
Il n’y a guère de hasard dans le football. L’Allemagne était à un petit but de poursuivre son rêve mais ce dernier n’est donc jamais venu. Comme la France face au Danemark en 2002 (2-0), l’Italie devant la Slovaquie en 2010 (3-2) et l’Espagne contre le Chili il y a quatre ans (2-0), les partenaires de Timo Werner n’ont pas réussi à remporter leur match décisif. À force, cela veut forcément dire quelque chose. Les champions du monde sortants, lorsqu’ils abordent le Mondial qui suit, se retrouvent dans des dispositions psychologiques usantes et pesantes. Cela coûte en énergie morale d’aller chercher un titre mondial et il semble impossible à l’heure actuelle au roi posé sur son trône d’aller puiser ce dont il a besoin pour garder sa couronne. L’usure psychologique par les voies – aussi – d’une forme de suffisance inexpugnable aura eu raison de cette Allemagne qui en 18 participations à la Coupe du monde n’avait jamais manqué le second tour. La formation qui soulèvera le trophée suprême le 15 juillet prochain à Moscou – quelle qu’elle soit – va indiscutablement basculer dans la liesse ultime. Mais elle va également entrer dans le sombre tunnel des maudits. Il est désormais évident que dans un Mondial la rançon de la gloire se paie cher. Très cher.
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— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 27 juin 2018