C’était comment la dernière fois ?
Du grand n'importe quoi ! Notre dernier Mondial, c'était en 2010, en Afrique du Sud donc, et franchement, notre bilan est des plus surprenants, pour ne pas dire risible. Trois matches, deux défaites, une victoire et une élimination dès la phase de poules. Avec l'Allemagne, le Ghana et l'Australie comme adversaires, la deuxième place était pourtant jouable. Mais rien ne s'est passé comme on aurait pu l'anticiper. La Serbie cuvée 2010 a dû être un beau cauchemar pour les bookmakers avec une défaite sans saveur lors du premier match face au Ghana, sur un penalty en fin de partie durant laquelle nous n'avons jamais réellement existé, allant même jusqu'à finir à dix (0-1). Au second match, nous affrontons l'Allemagne qui, comme chaque année, fait partie des grands favoris à la victoire finale. Lors de son premier match, elle a écrasé l'Australie (4-0), donc on s'attend à un match très compliqué vu notre niveau affiché face au Ghana. Pourtant, le début de match est équilibré jusqu'à la 36e minute. Là, Miroslav Klose est expulsé pour deux contestations puis deux minutes plus tard, on marque sur une reprise de volée à bout portant de Jovanovic. Étonnamment, même si l'on domine, ce sont les Allemands qui ont les meilleures occasions, mais pas la chance en revanche. Ils tapent la barre deux fois, on fait des sauvetages sur la ligne et Podolski va jusqu'à rater un penalty. Au final, on gagne 1-0 avec un moral remonté à bloc pour aller chercher le ticket pour les huitièmes de finale face à l'Australie. Sauf que là encore, rien ne se passe comme prévu. L'Australie, qui n'a gagné aucun match, va nous marcher dessus et finit par planter deux buts en seconde mi-temps. Le but de Marko Pantelic n'y fera rien, on se fait piteusement éliminer de ce Mondial avec un désagréable goût d'échec en bouche.
La route a été bonne ?
Franchement, c'était un chouette parcours. Dans notre groupe D, on était tous plus ou moins au même niveau, notre poule était donc aussi serrée qu'ouverte. Au final, on finit à la première place et on décroche notre billet pour la Russie alors il n'y a que du positif à retenir. Mais ça n'a pas non plus été évident, soyons honnêtes. Déjà, on commence par un match nul à domicile face à une équipe d'Irlande qui égalise en toute fin de match. Mais bon, on se reprend vite. Une victoire facile 3-0 face à la Moldavie, et surtout une autre - bien plus compliquée - face à l'Autriche sur un score fleuve (3-2) et on se retrouve dans la position de favori. Et même lorsque l'on trébuche comme face au Pays de Galles avec un match nul 1-1 arraché en fin de match, on arrive à se relever tout de suite en allant en coller trois en Géorgie (3-1). La phase retour est assez semblable à la phase aller, avec un nul face au Pays-de-Galles (1-1), une victoire 3-0 face à la Moldavie et une autre face à la Géorgie (1-0). Là où les choses changent, c'est qu'on arrive à ramener les trois points de notre voyage en Irlande mais nous perdons 3-2 face à l'Autriche. Qu'importe, avec 21 points et une seule défaite, nous finissons premiers de ce groupe D et surtout, un groupe a eu le temps d'émerger et de se solidifier au fur et à mesure que la route jusqu'en Russie était avalée.
Un p’tit gars à observer en particulier ?
Bien sûr ! Comme la plupart des fans de foot, vous devez le connaitre. Il a d'ailleurs déjà commencé à animer le mercato. Annoncé dans les clubs les plus prestigieux d'Europe dès cet été, Sergej Milinkovic-Savic est la plus belle de nos pépites. Et on en a ! Il n'y a qu'à voir. Sur les 27 joueurs pré-sélectionnés, sept ont été champions du monde U20 en 2015. D'ailleurs, Milinkovic-Savic a également été champion d'Europe U19 en 2013. Avec la Lazio Rome, il sort d'une excellente saison durant laquelle il aura impressionné tous les suiveurs de la Serie A. Avec le club romain, il a participé à 48 matches pour 14 buts et 9 passes décisives. Un bilan statistique plus qu'honorable pour un milieu de terrain de 23 ans, surtout quand on sait que l'importance d'un joueur dans le jeu d'une équipe n'est pas prise compte par les statistiques. Pourtant, Milinkovic-Savic n'a découvert les joies de la sélection nationale qu'en novembre et ne comptabilise ainsi que deux petites sélections à l'orée du Mondial. Qu'importe, parmi la flopée de grands joueurs qui porteront le maillot serbe en Russie, il sera le plus dangereux et, évidemment, le plus suivi.
C’est quoi l’objectif cette année ?
Atteindre les huitièmes de finale. Ouais, ce n'est pas l'objectif du siècle, c'est sûr, on a connu moins frileux. Mais en réalité, l'échec de la Coupe du monde 2010 est dans les têtes de tous en Serbie. On avait peut-être trop pris de haut nos adversaires et on s'est lamentablement ramassé. Cette année, nous ne referons pas la même erreur. Surtout que nous sommes plus ou moins dans la même posture avec un énorme favori, le Brésil, deux pays outsiders avec de nombreuses qualités mais manquant de régularité, la Suisse et nous, et enfin une quatrième équipe dont le niveau réel est difficile à évaluer en amont qui pourrait faire office de sparing partner sur le papier. Mais on sait très bien que la réalité du terrain n'est pas la même, et puis le parcours du Costa Rica lors du Mondial 2014 a prouvé qu'il ne faut pas dénigrer cette nation. Donc on va viser un objectif réalisable, passer la phase de poules et après, on verra bien. Selon l'adversaire sur qui on tomberait, rien n'empêche d'imaginer que l'on puisse passer un tour de plus.
Un scénario idéal ?
Comme dit précédemment, notre groupe possède l'un des plus grands pays de football au monde, si ce n'est LE plus grand. Imaginer que le Brésil ne finira pas premier semble assez peu probable. Donc, en ouverture de ce Mondial, une victoire 2 buts à 0 face au Costa Rica serait une excellente idée. Cela nous permettrait de directement se mettre sur la bonne voie, surtout que le match d'après, nous affrontons notre autre concurrent direct, la Suisse. Si l'alignement des planètes veut être parfait, la Nati aura perdu face au Brésil, un bon 4-0 qui fait mal au moral serait parfait. Encore sonnés par cette défaite, les Suisses nous laisseraient le ballon et il n'y a rien de choquant à imaginer que l'on en profiterait, nous aussi, pour mettre deux ou trois buts. Allez, on part sur une victoire 3 buts à 1 face aux Suisses tandis que le Brésil l'emporte 2-0 face au Costa Rica. Le troisième et dernier match arrive, nous sommes déjà assurés d'aller en huitièmes à l'instar de la Seleçao. Cette rencontre prend des allures de finale pour la première place et ça tombe bien, les finales face au Brésil ça rappelle d'excellents souvenirs à certains de nos plus jeunes joueurs. En 2015, à l'occasion de la finale de la Coupe du monde U20, nos jeunes Aigles s'étaient imposés 2 buts à 1 au bout de la prolongation pour remporter le titre. Cela devrait donner des idées aux joueurs qui seront alignés en Russie. Et comme une victoire face au Brésil semble quand même compromise, rêver d'un match nul, un partout, ne serait pas aberrant. Le Brésil finit premier du groupe, nous seconds, mais avec la tête haute grâce à deux victoires face à nos adversaires directs et un nul face à l'une des meilleures équipes au monde. En huitièmes, nous retrouvons, logiquement, l'Allemagne que nous avons déjà battue lors de notre dernier Mondial et qui a fini première de son groupe. Et comme en 2010, le début de match est serré, on presse haut et l'un de ses joueurs perd ses nerfs. À dix, la Mannschaft recule et nous en profitons pour ouvrir le score avant la mi-temps. Au retour des vestiaires, Thomas Müller arrive à se jouer de notre défense et à égaliser, mais la fatigue commence à se faire sentir. A dix, les hommes de Joachim Löw courent beaucoup plus et, dans le temps additionnel, Nemanja Matic reprend de volée à l'entrée de la surface un corner mal dégagé. 2-1, la Serbie se retrouve en quart de finale ! Diminués par la longue bataille livrée face à l'Allemagne, nos joueurs ne pourront alors rien faire face à une équipe de Belgique lancée à pleine allure. Avec une défaite 2 buts à 1, nous sommes éliminés, certes, mais quel parcours ! Mladen Krstajic et ses joueurs deviendraient des héros !
À l’inverse, un scénario catastrophe ?
Oh bah, il n'est pas très difficile à imaginer, il ne serait qu'une réédition de l'échec en Afrique du Sud. Nous sommes à peu près dans les mêmes dispositions en ce qui concerne le niveau de chaque équipe composant notre poule. Une première défaite face à un Costa Rica vaillant en défense avec un Keylor Navas en feu et qui arrive à marquer en fin de match sur une contre-attaque nous plongerait dans une situation complexe. Et celle-ci ne pourrait que se détériorer avec une nouvelle défaite face à la Suisse, bien sèche celle-ci, du genre 2 ou 3 à 1. Avec zéro point en deux matchs, nous serions d'ores et déjà éliminés avant d'affronter l'ogre brésilien. Et la Seleçao n'est pas du genre à verser dans la pitié, sortant de deux victoires faciles face au Costa Rica et la Suisse. Le match est à sens unique, Gabriel Jesus plante un triplé pour se venger de la victoire de nos jeunes en finale de Coupe du monde U20. Neymar, pour son grand retour, y va également de son doublé. 0-5, la messe est dite. Nous rentrons à la maison la tête entre les genoux.
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Les joies des petites nations sur FIFA.
Licence oblige, des pays comme l’Egypte, qui n’ont pas leur maillot officiel dans FIFA 18 l’ont dans le mode Coupe du Monde, mode où on retrouve aussi des sélections comme la Serbie… qui n’est pas présente dans FIFA 18.
— Mathieu WARNIER (@MathieuWarnier) 29 mai 2018
La stat’ inutile, mais qu’on vous donne quand même parce que ça nous fait plaisir !
0. Comme le nombre d'expériences en tant qu'entraineur qu'a eu Mladen Krstajic avant de devenir sélectionneur de la Serbie en novembre dernier.
Demandez l’programme !
- Costa-Rica-Serbie, dimanche 17 juin, 14h
- Serbie-Suisse, vendredi 22 juin, 20h
- Serbie-Brésil, mercredi 27 juin, 20h