« Ayez confiance et donnez confiance »
C'est une tradition qui remonte à 1998. Depuis cette année-là, le président de la République se rend au centre d'entraînement de Clairefontaine pour rencontrer les joueurs de l'équipe de France avant chaque compétition internationale. À neuf jours de l'ouverture de la Coupe du monde, Emmanuel Macron ne pouvait donc pas échapper à ce rituel, d'autant plus qu'il est fan invétéré de football. Le Président est donc arrivé ce mardi en fin de matinée à Clairefontaine, accompagné de sa femme Brigitte Macron et de la ministre des Sports, Laura Flessel. Après avoir déjeuné avec les joueurs de l'équipe de France, Emmanuel Macron s'est entretenu avec plusieurs d'entre eux, en profitant ainsi pour leur rappeler sa promesse : si les Bleus atteignent les quarts de finale, il sera présent en tribune pour chaque match qui restera. Et face aux journalistes, le Président a lancé un dernier message aux joueurs de Didier Deschamps en affirmant cette phrase. "Une compétition réussie est une compétition gagnée". Un joli coup de pression distillé avec le sourire en somme, lui qui a sans doute apprécié les matchs amicaux, remportés par l'équipe de France face à l'Irlande puis face à l'Italie.
Mais Emmanuel Macron a aussi su user de son statut de leader pour offrir aux Bleus un véritable discours de capitaine. "Il y aura peut-être des moments de doute durant cette compétition, mais n'oubliez jamais ces trois valeurs cardinales : restez unis, toujours, ayez le sens de l'effort parce que c'est cela qui vous a mené là où vous en êtes, [...], et ayez confiance et donnez confiance. Parce que c'est cela qui rend notre pays encore plus fier", a-t-il commencé par rappeler sur un ton solennel avant de poursuivre avec le sourire. "Tout le reste vous savez beaucoup mieux le faire que moi. Vous avez un super coach, une superbe équipe pour le faire, un collectif, alors faites nous rêver et emmenez-nous très loin ! J'espère vous retrouver [...] pour ramener la coupe à la maison", a-t-il conclu, sous les applaudissements des joueurs de l'équipe de France. En tant que fan éperdu de l'Olympique de Marseille, nul doute qu'Emmanuel Macron a profité de cette visite à Clairefontaine pour féliciter Steve Mandanda, Adil Rami et Florian Thauvin pour leur magnifique parcours en Europa League, lui n'avait pas pu se rendre à la finale à Lyon en raison d'un sommet entre les pays européens et ceux des Balkans à Sofia, en Bulgarie.
Emmanuel Macron à Clairefontaine : «Une compétition, elle est réussie quand elle est gagnée» pic.twitter.com/1lBoEvsYIo
— CNEWS (@CNEWS) 5 juin 2018
Une visite de tradition
Rendre visiter aux joueurs de l'équipe de France avant le début d'une compétition est devenu une tradition pour les présidents de la République, mais tous n'ont pas porté chance aux Bleus. Ainsi, en 1998, c'est Jacques Chirac - pourtant pas un grand expert en matière de football - qui a lancé ce rituel, en se déplaçant dans les Yvelines pour apporter son soutien et celui de son gouvernement à Aimé Jacquet et ses ouailles. Un mois et demi plus tard, Jacques Chirac se retrouvait au Stade de France à tenter de crier, à l'unisson avec les supporters, le nom des joueurs, ses lacunes footballistiques offrant une scène culte aux Français. Mais surtout, deux heures plus tard, c'est à Didier Deschamps qu'il remet alors le trophée Jules Rimet.
Dix ans plus tard, son successeur à l'Élysée est un grand fan de football et tout particulièrement du PSG. À quelques jours du début de l'Euro 2008, Nicolas Sarkozy se rend à Clairefontaine et y prend ses aises. À tel point qu'après un repas interminable, c'est Raymond Domenech qui demande au Président que le déjeuner soit écourté, ses joueurs devant aller s'entrainer. Nicolas Sarkozy était alors confiant sur les chances de l'équipe de France, annonçant même aux joueurs qu'il viendrait les soutenir lors de la finale à Vienne. Sauf qu'avec un match nul et deux défaites, les Bleus ne passeront pas la phase de poules. Venant de prendre ses fonctions de président de la République, François Hollande n'est pas disponible pour se rendre à Clairefontaine avant l'Euro 2012. Mais ce passionné de football ne ratera pas le rendez-vous avant la Coupe du monde 2014 - ni d'ailleurs avant et durant l'Euro 2016 - rendant ainsi visite aux Bleus avant de partager un repas avec eux, assis entre le capitaine Hugo Lloris et le défenseur Laurent Koscielny avec qui François Hollande va se lier d'amitié, le joueur venant de Tulles, en Corrèze, ville dans laquelle le Président avait été maire durant sept ans. Les joueurs de Didier Deschamps avaient alors lavé l'affront de Knysna en atteignant les quarts de finale du Mondial brésilien puis avaient échoué en finale du championnat d'Europe en France, deux ans plus tard. Espérons donc que la visite d'Emmanuel Macron porte chance aux Bleus, qui devront, avant tout, passer la phase de poules dans laquelle ils affronteront l'Australie, le Pérou et le Danemark à partir du samedi 17 juin.
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— Nicolas Georgereau (@ngeorgereau) 5 juin 2018