Russie 2018

Rencontre avec les « autres français », ceux qui supportent nos adversaires

Rencontre avec les « autres français », ceux qui supportent nos adversaires
Dans le groupe de la France, les supporters de l'Australie espèrent une bonne surprise - Iconsport

A quelques jours du début du Mondial, chacun soutient son pays corps et âme. Pourtant, certains décident de ne pas faire comme tout le monde. Rencontre avec des Français qui supportent les adversaires des Bleus. Première étape avec Simon, supporter de l'Australie.

Jeune alsacien de 20 ans qui a rejoint le nord de la France pour ses études, il supporte l’Australie depuis maintenant plus de 10 ans et sera opposé à la France pendant ce Mondial

Supporter français pour l'Australie

Supporter des Socceroos depuis 2006

L’histoire d’amour avec le pays des kangourous a débuté un 2006 pendant la Coupe du monde en Allemagne : "J’ai allumé la télé et je suis tombé sur Australie-Japon, ils perdaient 1-0 à la 84e minute, puis Tim Cahill a mis 2 buts avant qu’Aloisi achève les Japonais avec le but du 3-1. C’était la première victoire des Australiens en Coupe du monde, Cahill le premier buteur de la sélection dans cette compétition. J’ai toujours aimé les petits poucets, et là, voir la joie d’une équipe comme l’Australie pour une simple victoire, je me suis reconnu la dedans, ils étaient juste heureux de remporter leur premier match, je me suis sentis bien en les regardant. Je me suis dit que j’allais suivre leur parcours". Malheureusement, après être sorti des poules, le parcours des Socceroos s’achèvera en 1/8e de finale dans un match très controversé après le penalty à la 95e minute de Totti et une défaite 1-0.

Pourtant ça n’empêchera pas Simon de continuer à suivre le parcours des Australiens malgré des compétitions difficile pour les Socceroos : "La réalité est un peu cinglante, en 2010 on a fait de notre mieux, on passe à rien de se qualifier, mais on termine troisième au goal-average derrière le Ghana. En 2014 on termine pire défense de la phase de groupe mais on était dans la poule de la mort".

Ces mauvais résultats ne l’ont pas empêché d’apprécier ces compétitions : "Le match contre le Pays-Bas en 2014 reste l’un des plus beaux matchs de ma vie avec ce but incroyable de Tim Cahill et l’engouement qu’il y avait avec les Australiens qui avaient fait le déplacement. Finalement ils perdent 3-2 à cause de Mathew Ryan, présent cette année dans les 23 à mon grand désarroi".

Un parcours semé d'embûches pour atteindre le Mondial

L’Australie arrive au Mondial avec un effectif faible comparé aux autres nations, pourtant l’association d’anciens expérimentés et de jeunes en plein boom pourrait permettre aux Socceroos de créer la surprise : "Pour certains c’est l’équipe la plus faible du groupe. Mais j’ai juste l’impression que beaucoup ne connaissent pas l’équipe. Plusieurs journalistes par exemple citent Mile Jedinak comme joueur à suivre, ce qui est totalement faux pour moi. Ils ont une génération montante avec Tom Rogic, Aaron Mooy et Mathew Leckie, ils ne jouent pas les premiers rôles dans leur championnat mais en sélection ils se battent davantage. Ils ont un bagage technique équivalent à d’autres joueurs respectés. C’est un collectif soudé avec un entraineur qui connait la compétition grâce à sa finale en 2010 avec les Pays-Bas. On a un peu l’impression d’un esprit commando, avec de l’insouciance, couplé à l’expérience de l’entraineur et de Cahill qui peut pousser vers le haut l’ensemble de l’équipe".

Pourtant les qualifications n’ont pas été simples, les Australiens ont dû batailler et passer par deux barrages (contre la Syrie et contre le Honduras) pour se qualifier en Russie après une troisième place dans leur groupe de qualification : "Ça a été difficile, on est passé de la zone Océanie à la zone Asie, c’est une bonne chose mais on a joué 22 ou 23 matchs pour se qualifier. La zone Asie est étrange il y a eu beaucoup de surprises, les qualifications n’ont pas reflétés le véritable niveau des équipes. L’Australie est passé difficilement mais c’est la qualification qui compte. Le match contre le Honduras en barrage s’est bien passé, ils ont prouvé qu’ils avaient leur place. Il ne faut pas remettre la faute sur l’équipe concernant ces qualifications, la fédération n’apporte aucune stabilité, l’entraineur a quitté la sélection à cause de pressions et désaccords, on a l’impression qu’elle ne cherche pas à faire progresser le foot dans un pays dominé par le rugby. Ben Vart Marwijk quitte déjà la sélection après la compétition. J’aurais préféré un projet à long terme".

Une équipe qui n'est pas à prendre à la légère

Concernant le Mondial 2018, Simon est optimiste (et un peu chauvin) : "Déjà ce n’est pas l’effectif la plus faible du groupe selon moi, c’est peut-être optimiste mais je pense qu’ils peuvent faire quelque chose. Cahill, une légende en Australie, fait sa dernière Coupe du monde, même s’il ne peut plus jouer tous les matchs il va tout donner. Je pense qu’une deuxième place est accessible. La France ne doit pas les sous-estimer. Ils les avaient battus 5-0 en 2014 et depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, le nouvel entraineur a apporté un schéma technique qui fonctionne. Ils n’ont pas des grands joueurs mais chacun se donne à fond, ils peuvent faire quelque chose et sortir des poules. Ce serait déjà un exploit".

L’effectif n’est pas le plus réputé mais l’Australie possède des joueurs de qualité, capables sur un exploit de faire tourner un match en leur faveur : "Pour moi il y a 2 ou 3 joueurs à surveiller. Celui qui va surprendre c’est Tom Rogic, c’est un milieu du Celtic, dans un championnat un peu ennuyant mais il est impressionnant à voir jouer, il a une grande forme athlétique et une excellente frappe de balle. Il marque toujours des buts incroyables. Ensuite je dirai Aaron Mooy, c’est de loin le meilleur joueur Australien. Il a maintenu presque à lui seul (avec Steve Mounier) Huddersfield. Il a une carrière tardive mais il s’est imposé en Premier League aujourd’hui. Enfin le joueur le plus jeune de la coupe du monde, le petit Daniel Arzani, seulement 19 ans, né en 1999. C’est un pari de l’entraineur à son poste d’ailier gauche. 20 ans de moins que Cahill, qui pourra progresser auprès de l’équipe, en étant mis sous le feu des projecteurs".

Enfin quand on lui demande ce qu’il pense de l’Équipe de France, adversaire des Australiens en poule, sa réponse est sans appel : "Pour moi les Français sont trop confiants, ils sous-estiment leurs adversaires. L’EDF rime avec scandale à répétition, encore Rabiot récemment, je ne peux pas supporter une équipe comme celle-là. La France commence par l’Australie, peut être en les sous-estimant trop, et ça peut être notre seule chance de les battre. Le match contre le Pérou sera difficile à mon avis, les Péruviens ont une excellente équipe qui risque de faire des ravages en Russie. Enfin le match contre les Danois sera serré, ils sont capables de faire quelque chose, avec une génération composée de bons joueurs comme Schmeichel, Eriksen ou Sisto. Je pense que rien n’est fait dans ce groupe".

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